Accueil » Update Lecture » Plaga, Le Porteur de la Folie – Aurélien GUISE
Presque deux siècles après l’avènement du Fléau, Nocturne parcourt le royaume d’Opéra à la recherche des vestiges du passé. Historien pourchassé pour son ambition, traqué par des fanatiques avides de pouvoir dans un monde meurtri, il exhume les récits d’un âge révolu.
Les contours d’un complot se dévoilent autour du roi Orchestra et du traître, à l’époque où les habitants d’Opéra, alors drapés dans une paix fragile, pansent encore leurs plaies, suite à la fin de la guerre provoquée par les pirates écarlates. La haine est devenue le métronome cruel du royaume, et rythme sans cesse la vie de ses citoyens, amenant sous sa mesure le cycle éternel.
Avant de commencer cette chronique, je tenais à remercier chaleureusement l’auteur, Aurelien Guise, pour sa confiance et l’envoi de ce service presse qui m’a permis de découvrir son univers singulier. Et quel univers ! Avec « Plaga, le porteur de la folie », on est loin d’une simple histoire ; c’est une véritable expérience sensorielle qui nous attend.
C’est la première chose qui m’a frappé, et votre comparaison avec un jeu vidéo comme Elden Ring est parfaite. L’auteur ne se contente pas de nous raconter une histoire, il nous fait « voir » son monde. Chaque description est pensée pour nous immerger. On ressent le froid, l’humidité, la saleté ambiante d’un univers dévasté par le « déclin ». C’est une atmosphère palpable, lourde, mais incroyablement prenante.
Au cœur de ce monde sombre se trouve le « déclin », cette maladie qui ronge le peuple et qui sert de moteur à l’intrigue. Le récit nous embarque dans une quête désespérée où les personnages ne cherchent pas la gloire, mais simplement à repousser l’inévitable. Cette menace constante donne une véritable tension au récit, même lorsque l’action n’est pas au premier plan.
Je dois l’admettre, les noms des personnages demandent un petit effort au début. Cependant, une fois cette première barrière passée, on se rend compte qu’ils contribuent à forger l’identité unique de cet univers. On finit par s’y retrouver et, plus important encore, par s’attacher à ces figures brutes, complexes et forgées par l’adversité.
La plume d’Aurelien Guise est sans conteste l’élément central et le point qui divisera le plus les lecteurs. Si vous êtes, comme moi, un lecteur qui aime que l’on vous peigne un tableau avec des mots, vous serez servi. L’écriture est riche, visuelle et ne lésine pas sur les détails.
Cependant, et c’est un point important à souligner, ce choix stylistique a une contrepartie : le rythme. Ce parti pris très descriptif peut engendrer des passages assez longs où l’action se fait désirer. Pour les lecteurs en quête d’une aventure trépidante et de rebondissements constants, certaines scènes pourront paraître lentes. L’auteur privilégie clairement la construction de son atmosphère à la précipitation des événements. « Plaga » est une œuvre qui se savoure lentement, et ce rythme contemplatif ne conviendra pas à tous.
« Plaga, le porteur de la folie » a été une excellente surprise, même si son rythme m’a parfois mis à l’épreuve. C’est une œuvre qui ne plaira pas à tout le monde, précisément à cause de ses longueurs descriptives qui prennent parfois le pas sur l’action.
Néanmoins, si vous cherchez une dark fantasy qui vous marque par son ambiance et la force de ses images, et que vous n’avez pas peur de prendre votre temps pour vous imprégner d’un monde, alors cette lecture est faite pour vous. C’est une expérience littéraire immersive et saisissante, portée par une plume qui a une véritable signature. Une proposition audacieuse et une belle réussite dans le paysage de la fantasy française.
Retenez bien de ceux qui parcourent le monde
Libre de déterrer les vestiges oubliés
Ceux qui se moquent et vomissent leur faconde
Leur lignée méprisable à jamais doit s’effacer

